Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, directrice générale adjointe d’Orange et depuis septembre chargée de la supervision des activités opérationnelles en Europe (hors France), insiste sur le fait qu’Huawei reste un partenaire clé du groupe. Qui, par ailleurs, devrait rester propriétaire de son parc de tours sur le continent.

Dans un entretien accordé à Mobile World Live un peu plus de trois mois après sa prise de fonction européenne, Mari-Noëlle Jégo-Laveissière a commenté une série de dossiers touchant de près l’opérateur, dont sa position vis-à-vis d’Huawei, la possibilité d’une externalisation des tours et le lancement récent de la 5G en France.

Concernant Huawei, la directrice générale adjointe affirme qu’Orange n’a « pas de problèmes » avec l’équipementier, qui garde une place importante dans son panel de fournisseurs. Mais elle souligne que le groupe se pliera aux règles en vigueur dans chacun des pays où il est présent quant à l’utilisation des équipements.

Mme Jégo-Laveissière ajoute qu’il est important pour Orange de disposer d’un choix ouvert de fournisseurs afin de « s’assurer qu’aucune contrainte extérieure » ne puisse poser problème.

La France n’a pas encore décidé de suivre le Royaume-Uni sur la voie d’un embargo contre Huawei. Le gouvernement n’en a pas moins suggéré aux opérateurs d’éviter d’acquérir des équipements supplémentaires auprès du fabricant chinois.

Mari-Noëlle Jégo-Laveissière ajoute qu’Orange est plutôt en position favorable en France quant à la part d’Huawei dans son réseau. L’opérateur n’aura pas ainsi à recourir à un « échange massif » si des règles plus strictes deviennent applicables.

Les tours ne sont pas à vendre
A propos des tours, Mari-Noëlle Jégo-Laveissière confirme les propos de Stéphane Richard, le pdg, en insistant sur le fait qu’Orange ne suivra pas l’exemple d’autres opérateurs européens en vendant son parc, évalué à 10 milliards d’euros, au spécialiste des infrastructures Cellnex.

La directrice générale adjointe explique qu’Orange donnera des éclaircissements en février sur le dossier, mais travaille sur une stratégie visant à accélérer une séparation : « Nous considérons l’opportunité de nous concentrer sur les tours comme le développement d’une nouvelle activité et nous voulons être certains que nous pouvons en faire un levier stratégique, bien qu’il puisse être dissimulé au sein de l’entreprise aujourd’hui. C’est l’opportunité de devenir notre propre towerco ».

Orange pourrait selon elle chercher à nouer des accords avec d’autres opérateurs, voire des partenaires financiers : « En matière de plan stratégique, nous n’allons pas vendre en masse nos tours à Cellnex. Nous voulons garder le contrôle ».

5G en France
Mme Jégo-Laveissière a enfin tenu à défendre le lancement en apparence tardif de la 5G dans l’Hexagone. Orange et son concurrent local Bouygues Telecom ont chacun lancé leurs services ce mois-ci, alors qu’ils sont disponibles depuis longtemps au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Italie.

Elle précise qu’Orange a travaillé sur son offre 5G B2B ces 18 derniers mois et qu’il est important de se consacrer à ce segment, « d’adapter les process et de discuter le plein potentiel de la 5G », avant d’implémenter un lancement au niveau national.

Sur la 5G standalone, Mme Jégo-Laveissière explique qu’Orange commence à travailler sur une gamme originaire de différents équipementiers. Des tests de cœur de réseau sont en cours et se poursuivront en 2021.