Huit des quinze membres du directoire de Telecom Italia ont annoncé leur intention de quitter leur siège, face aux critiques émises sur son action par le fonds d’investissement Elliott Management – qui a dénoncé cette démission collective comme une manœuvre cynique destinée à gagner du temps.

Parmi les huit démissionnaires figurent Arnaud de Puyfontaine, président du directoire et pdg de Vivendi, le plus gros actionnaire de l’opérateur italien, ainsi que le président adjoint Giuseppe Recchi. Ce dernier va quitter son poste immédiatement. Son fauteuil, auquel sont associées des fonctions liées à la sécurité nationale, doit être réoccupé par un ex-président du directoire de Telecom Italia, Franco Bernabe.

Le départ des sept autres directeurs est programmé quant à lui pour le 24 avril, date de la réunion des actionnaires, où les investisseurs devront choisir entre réaffirmer leur confiance à un directoire majoritairement contrôlé par Vivendi ou choisir les nouveaux membres présentés par Elliott Management.

La majorité du directoire ayant annoncé sa démission, une clause implique la remise en cause de tous les mandats et l’élection d’une nouvelle équipe exécutive. Le vote est programmé pour le 4 mai.

Elliott acide
Cette spectaculaire démission collective intervient après une bordée de critiques acerbes émises par Elliot Management, qui réclame des changements radicaux dans l’organisation des activités et l’élection de cadres indépendants – sans oublier bien sûr le départ d’Arnaud de Puyfontaine.

Telecom Italia explique que ses directeurs espèrent que leur décision de démissionner « aidera à clarifier et renforcer la gouvernance de la société, en offrant la responsabilité de nommer le nouveau directoire à l’assemblée des actionnaires. »

La direction Elliott riposte en affirmant n’être pas surprise par la manœuvre, ajoutant : « Incapable d’avancer des arguments valides, les directeurs ont tout simplement abandonné leur poste pour gagner du temps. Elliott considère cette action comme cynique et égoïste, en ce qu’elle retarde la capacité des actionnaires de Telecom Italia à exprimer leur vote lors de la prochaine assemblée. Cette affaire représente un nouvel exemple de tentative d’abrogation des droits des actionnaires minoritaires et de mépris continu pour les bonnes pratiques de gouvernance de l’entreprise. »

Vivendi est le plus gros actionnaire de Telecom Italia avec une part de 24 %. Le groupe français a pris le contrôle du directoire de l’opérateur en 2017. Son action a généré quelques frictions, notamment avec les autorités italiennes et certains cadres dirigeants, puisque deux pdg ont quitté l’entreprise en autant d’années sur des rumeurs de désaccord avec le géant français des médias.