Les opérateurs européens viennent de protester contre la décision du Parlement de Strasbourg de revoir à la baisse les mesures destinées à encourager l’investissement dans la 5G et les réseaux de fibre.

Un vote du Parlement sur ce sujet vient en effet de « saper » les plans proposés par la Commission Européenne en 2016 et qui visaient à déréguler le secteur en échange d’investissements, selon le Financial Times.

La CE a estimé que placer le Continent au premier rang mondial de la 5G coûterait 500 milliards d’euros. La Commission a présenté dans ce but un plan visant à encourager les opérateurs et autres compagnies liées aux télécoms à miser en confiance sur les réseaux de façon à combler un déficit d’investissement évalué à 155 milliards d’euros.

Mais les propositions de la CE n’ont pas reçu le soutien espéré.

Carottes et bâtons
Selon la banque Barclays citée par le FT, le vote du Parlement équivaudrait à remplacer « la carotte par le bâton ». De fait, au lieu de répondre aux espérances de dérégulation, les députés européens ont suggéré de renforcer la surveillance des « oligopoles » sur le marché, où certains grands acteurs auraient trop de pouvoir. Le Parlement a ainsi proposé de donner encore plus de pouvoir aux régulateurs, entravant les efforts de la CE visant à créer un marché numérique unique.

A ce stade, rien n’est cependant fixé dans le marbre et les propositions seront négociées avec les États membres début 2018. Le FT note cependant que les plans de la CE pourraient être encore contrariés par l’opposition des pays membres à l’harmonisation du spectre sur le continent.

Lise Fuhr, directrice générale de l’Etno (European Telecommunications Network Operators association), groupe de lobbying des opérateurs européens, a affirmé que Parlement « rate le coche » et risque de ralentir le déploiement de la large bande.

Un représentant du groupe Vodafone a quant à lui regretté que les propositions du Parlement accroisse « la charge régulatrice » sur les telcos.

Dans la foulée de ses investissements dans la fibre en Espagne et au Portugal, Vodafone propose d’investir conjointement avec Openreach dans les réseaux britanniques.

« Ces amendements, s’ils étaient adoptés, contribueraient à éroder la confiance des investisseurs dans les télécoms européennes », a expliqué le représentant de Vodafone.

Le Parlement européen a également proposé de plafonner le coût des appels de l’UE vers les autres pays, présenté comme « abusif ». Cette mesure intervient après que les opérateurs européens aient été forcés d’abolir les surtaxes liées à l’itinérance à l’intérieur de l’Union.

Les telcos veulent du changement
Lors d’un événement organisé par l’Etno et le FT fin septembre, Tim Hottges, pdg de Deutsche Telekom, et Stéphane Richard, pdg d’Orange, avaient demandé d’assouplir la régulation et d’aider le continent à réaliser les buts fixés par la CE en matière de 5G et de numérisation. Dans une lettre ouverte aux responsables européens, Johan Dennelind, pdg de Telia, avait également renchéri le 3 octobre sur le besoin d’un cadre politique plus ambitieux.