Le fonds américain Elliott Management vient de répliquer vertement au groupe de médias français Vivendi qui critiquait la semaine passée sa façon de diriger Telecom Italia, opérateur italien dans lequel les deux sont actionnaires principaux.

Dans un communiqué, Elliott Management accuse Vivendi de nuire aux intérêts de l’opérateur en émettant trop rapidement un « jugement définitif » sur l’action d’un directoire appointé il y a seulement quatre mois plutôt que de chercher à travailler sur des « solutions constructives ».

Elliott nie par ailleurs avoir arraché à Vivendi la gouvernance de Telecom Italia, notant que l’opérateur est dirigé indépendamment et que le groupe français conserve une présence importante au sein du directoire.

« Si Vivendi considèrait maintenant que nous avons besoin d’idées neuves, Elliott accepterait volontiers son aide afin de promouvoir des solutions créatrices de valeur au niveau du directoire », explique le fonds américain.

Action en baisse
Le communiqué d’Elliott Management répond notamment aux accusations portées la semaine passé par Vivendi, qui fustigeait une gestion « désastreuse » aboutissant à une chute de 35 % du cours de l’action depuis la nomination du nouveau directoire début mai.

Dans son argumentation, Vivendi avait rappelé qu’Elliott Management s’était engagé à doubler la valeur de l’action Telecom Italia sous deux ans. Le fonds conteste avoir fait une telle « promesse » aux marchés. « Il est vrai qu’Elliott a offert une appréciation du potentiel positif relatif au prix de l’action Telecom Italia à moyen terme au cas où un directoire recomposé et indépendant adoptait les recommandations d’Elliott en matière de création de valeur », reconnaît cependant le communiqué, de façon pour le moins alambiquée.

Elliott n’en note pas moins que le directoire n’a encore appliqué aucune de ses suggestions, préférant « jusqu’à présent adhérer à l’approche défendue par Vivendi ». Le président du directoire, Fulvio Conti, a fait part d’observations similaires dans un communiqué envoyé à Mobile World Live peu après la publication des critiques du groupe français, notant que le directoire se concentre sur l’implémentation d’une stratégie « conçue par le groupe Vivendi lui-même pendant sa gouvernance ».

Elliott souligne encore que c’est Vivendi qui a appointé le pdg et le directeur financier de Telecom Italia, et demande comment le groupe français peut « se dédouaner de ses responsabilités pour l’état dans lequel se trouve Telecom Italia alors qu’il a été aussi longtemps en charge et que le nouveau directoire a aussi peu siégé ? »

Elliott demande au final aux autres actionnaires de Telecom Italia de se montrer patients et de donner au nouveau directoire le temps de « montrer qu’il peut créer de la valeur » dans «  un environnement manifestement difficile pour la bourse italienne et les telcos en général ».