Une injonction de la Data Protection Commission (DPC) irlandaise force Meta Platforms a retarder le démarrage d’un plan destiné à entraîner des modèles d’IA en se basant sur des posts publiés sur les médias sociaux par des Européens.

La DPC, régulateur agissant au nom de toutes les autorités de protection des données d’Europe, a annoncé sa décision de bloquer les ambitions de Meta Platforms, une semaine après l’annonce de l’implantation de Meta AI en Europe, après déploiement du service dans plus d’une douzaine de pays.

Pour justifier son action, le régulateur a décidé d’étudier les objections émises par None Of Your Business (NOYB), une association de défense des consommateurs qui demande aux agences de protection des données de 11 pays d’Europe, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, de bloquer l’initiative de Meta. NOYB affirme que le géant américain veut entraîner ses services d’IA sur des données issues d’utilisateurs sans leur consentement.

Meta Platforms a riposté en qualifiant l’injonction de la DPC de pas en arrière pour l’innovation européenne, jurant que son approche du développement de l’IA est parfaitement conforme aux règles du marché et qu’elle est plus transparente que celles de ses concurrents.

Meta AI est un assistant basé sur le modèle Llama 3. Pour lancer le produit en Europe, Meta Platforms doit entraîner ses modèles sur du contenu public partagé localement sur Instagram et Facebook.

« Nous voulons offrir Meta AI et les modèles qui l’animent à un nombre croissant d’utilisateurs dans le monde, y compris en Europe. Mais, pour faire simple, nous ne pourrons offrir qu’une expérience dégradée sans inclure de l’information locale. Cela signifie que nous ne sommes pas actuellement capables de lancer Meta AI en Europe », explique la direction de Meta Platforms, qui se dit « déçue » par l’injonction de la DPC mais assure vouloir continuer à travailler avec les régulateurs.

Dans une réponse à Meta Platforms, la DPC indique qu’elle « accueille favorablement la décision de Meta de faire une pause dans ses plans destinés à entraîner ses grands modèles de langage en utilisant du contenu public partagé par des adultes sur Facebook et Instagram dans l’Union européenne et dans l’Espace économique européen ».

« Nous nous réjouissons de ces évolutions mais nous allons les surveiller de près, commente pour sa part Max Schrems, le président de NOYB, dans un communiqué séparé. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de changement officiel dans la politique de confidentialité de Meta qui implique des obligations juridiques. Les dossiers que nous avons déposé sont en cours d’examen et nécessiteront une décision officielle. »