Réunis au sommet mondial LTE d’Amsterdam, les grands du monde des télécoms, parmi lesquels EE, KPN, Nokia, Orange et Vodafone, sont d’accord : la technologie 2G coulera longtemps de vieux jours à côté de la 4G (LTE), alors que la 3G semble bien moins appréciée.

 

Pierre-François Dubois, VP développement produits chez Orange en convient, en accord avec d’autres opérateurs : la 3G sera « la première à être supprimée », avant la 2G, tout en ajoutant qu’ « il n’y a pas de roadmap » pour la disparition annoncée. Erik Hoving, CTO de KPN, va jusqu’à décrire la 3G comme une « solution très médiocre », coincée entre la 2G orientée voix et la LTE orientée données. Matthias Sauder, en charge des réseaux chez Vodafone Pays-Bas confirme la tendance : « Nous maintenons et modernisons toujours nos vieux réseaux, et délivrons toujours des services 2G et 3G aux clients. Et oui, la 2G continuera plus longtemps que nous ne le pensions ».

 

L’opérateur britannique EE a même rafraîchi des équipements 2G pendant le lancement de la 4G. « Nous devons toujours gérer un gros héritage de communication vocale, surtout dans les zones rurales,confie Mansoor Hanif, directeur développement et programmes sur les accès aux réseaux radio. Nous ne vendons plus d’appareils 2G, mais il en reste encore beaucoup. » Mansoor Hanif ajoute qu’ « il y reste également encore beaucoup d’appareils 2G M2M, ce qui est un gros défi pour nous car nous ne savons pas bien où ils sont ».

 

Tommi Uitto, Senior VP chargé des ventes larges bandes mobiles au niveau mondial chez Nokia, note que les opérateurs demandent encore aujourd’hui une évolution de l’ancien standard GSM pour soutenir la perpétuation de son utilisation en M2M : « J’avais espéré que nous aurions juste besoin de la 5 G et des LTE-M pour l’internet des objets mais malheureusement il semble que nous aurons besoin également d’améliorer le GSM. Nous nous alignons sur nos gros clients, les opérateurs, pour procéder à quelques réglages en termes de capacités. »

 

Yousef Abu Mutawe, CTO de Zain Jordan, explique pour sa part que « la décision de déconnexion ne reviendra pas à l’opérateur mais au client. » Il sera cependant possible de réduire la densité et le spectre utilisé pour les anciens réseaux, « jusqu’à ce que nous arrivions à un point où tout dépendra du nombre de vieux téléphones toujours connectés ».

 

Mansoor Hanif, chez EE, demande aux équipementiers d’assister les opérateurs dans le processus : « Plutôt que d’avoir à faire de gros et difficiles travaux sur le réseau, il serait bon de disposer de solutions intelligentes où le réseau lui-même peut choisir en temps réel ce qu’il faut allouer à la 2G et à la 4G. Cela nous aiderait à faciliter la transition » .

 

Selon GSMA Intelligence, la 2G assure toujours 58,5 % des 7,11 milliards de connexions mobiles dans le monde, contre 32,5 % à la 3G et 9 % à la 4G. Le cabinet d’analyse estime que la technologie 2G restera prédominante jusqu’au début 2019.

 

Les commentaires recueillis au sommet LTE sont en accord avec les tendances du marché. Telenor, par exemple, a prévu de fermer ses réseaux 3G en 2020, 5 ans avant de fermer ceux de la 2G, en 2025. Un rapport récent publié par Ovum affirme par ailleurs que la 2G reste une source importante de revenus : « La LTE fournit un service large bande bien meilleur que la 3G, et avec la VoLTE, la LTE peut répondre aux besoins de communications vocales assurés par la 3G. Ceci laisse penser que les opérateurs fermeront leurs réseaux 3G avant de fermer ceux de la 2G », écrit Nicole McCormick, analyste.

 

Tout le monde, cependant, ne suit pas le mouvement. Les trois opérateurs de Singapour, M1, Singtel Mobile et StarHub Mobile, vont fermer leurs réseaux 2G en avril 2017 afin de libérer du spectre pour les services 3G et 4G. Ils imitent ainsi Telstra, en Australie, et AT&T et Verizon aux Etats-Unis, qui ont déjà annoncé qu’ils débrancheraient leurs réseaux 2G ces prochaines années. Le Japon et la Corée du Sud ont quant à eux déjà déconnecté la majorité de leurs réseaux 2G.