Ramon Fernandez, directeur général délégué d’Orange chargé des finances et de la stratégie, a profité d’une rencontre avec la presse la semaine passée pour faire le point sur la stratégie du groupe dans la foulée du bon 1er trimestre annoncé en avril, avec un BAIIA en hausse pour la première fois depuis 2008.

– Selon les informations livrées par M.Fernandez, Orange a porté ses prévisions de dépenses en capital (Capex) pour 2017 à 7,2 milliards d’euros, soit 100 millions de plus qu’annoncé précédemment. Cette augmentation est liée aux investissements dans la fibre en Espagne (l’acquisition de Jazztel en 2015 étant qualifiée de « meilleure affaire de d’Orange depuis longtemps »). En 2016, le groupe a investi par ailleurs près de 7 milliards en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

– L’opérateur s’attend à voir ses Capex culminer en 2018/19 alors qu’il se prépare à lancer la 5G. M.Fernandez a cependant prévenu que les dépenses et le déploiement associés ne sont pas encore totalement délimités : « Nous n’avons pas toutes les réponses, car les standards ne sont pas finalisés. [Nos prévisions] englobent certaines dépenses liées à la 5G, mais il faut disposer de tous les éléments pour donner une estimation complète du niveau d’investissement requis. Notre sentiment est que nous atteindrons un pic pour ces années là et que ça redescendra par la suite. » Quant au déploiement, il se fera « pays par pays », en fonction des contraintes liées à la régulation comme la disponibilité du spectre. « Manifestement, la France est notre marché domestique – vous pouvez supposer qu’elle figurera très haut dans notre agenda. »

– Orange est en pleine diversification, avec notamment de grandes ambitions dans la banque en France (voir notre article relatif à ce sujet). En 2018, les services financiers devraient générer un CA de 400 millions d’euros, contre 600 obtenus avec l’Internet des Objets (IoT). «  L’objectif global de dégager un milliard de chiffre supplémentaire en 2018 est très réaliste », a confirmé M.Fernandez.

– Alors qu’Orange se lance dans la banque, M.Fernandez n’est pas très inquiet quant aux menaces qui pèsent sur ses coeurs d’activités historiques. Interrogé sur le fait que Facebook pourrait se transformer en opérateur, M.Fernandez a répondu : « Comme telco, je ne vois rien venir. »

– Orange continue d’appuyer la consolidation du marché français des télécoms. En dépit de l’échec de la fusion avec Bouygues Telecom, M.Fernandez a confirmé que le groupe reste convaincu que « la consolidation serait bonne pour tous les opérateurs et faciliterait les investissements très importants requis par l’Internet large bande, le mobile et la 5G. » Pour l’heure, cependant, la stratégie du groupe est de considérer un marché du mobile à quatre opérateurs.

– Pas question par ailleurs de voir Orange se jeter dans une orgie d’acquisitions en Europe. « Certains estiment que dans certains cas l’absence de consolidation sur les marchés internets pourrait accélérer la consolidation pan-européenne. Je pense que cette vision est erronée », a commenté M.Fernandez, avant d’ajouter : « Notre stratégie n’est pas d’aller vers une consolidation pan-européenne mais d’être plus forts là où nous sommes présents. »

– Au final, M.Fernandez a évoqué la façon dont les instances de régulation européennes traitent du problème des grands acteurs du Net, Facebook et autres, chevauchant sur le dos des opérateurs de réseau : « Je suis heureux de que allions dans la bonne direction. La prise de conscience du déséquilibre est meilleure qu’avant. »