L’offre exclusive du groupe BT de racheter EE pour 12,5 milliards de livres (19,5 milliards de dollars) va permettre au leader britannique de la téléphonie fixe de se projeter dans la convergence. BT a bien insisté dans son communiqué que les discussions avec EE (copropriété de Deutsche Telekom et Orange) ne signifient pas qu’un marché soit conclu. La manœuvre n’en suggère pas moins que l’opérateur allemand et français vont sortir du marché britannique à court terme, et non l’espagnol Telefonica, qui détient O2, l’opérateur mobile acheté à BT il y a dix ans.

Selon les termes de l’offre rédigée par BT, Deutsche Telekom détiendrait 12 % de BT et un siège au conseil d’administration. Orange recevrait pour sa part 4 %. L’acquisition accélérerait les ventes de services convergents fixes-mobiles de BT aux consommateurs et aux entreprises et aiderait l’opérateur à vendre des services fixes aux clients d’EE, a expliqué la société. BT vend déjà des services de télévision en plus d’accès Internet large bande et de téléphonie fixe.

Tout en continuant les discussions en cours, BT a indiqué continuer à travailler au futur de ses propres services convergents et affirme sa confiance dans ses capacités à aboutir sans même acheter EE.

La stratégie de BT, qui cherche à fournir internet large bande, téléphonie mobile, télévision et téléphonie fixe pour un unique abonnement mensuel, est parfaitement en ligne avec celle des autres grands opérateurs européens, qui cherchent à grouper plus de services afin de stabiliser leurs rentrées face à la concurrence d’applications nouvelles comme What’s App. Reste que l’acquisition de EE par BT devra être acceptée par les autorités européennes régissant la concurrence, souligne le cabinet d’analyse britannique Ovum.

Vu que le rachat d’EE par BT ne réduira pas le nombre des acteurs présents sur le marché mobile, l’accord « semble bien parti et le feu vert sera probablement obtenu, moyennant quelques concessions », indique Ovum. Reste cependant que BT a acquis du spectre 4G lors des enchères organisées en 2013 au Royaume-Uni, ce qui laisse quelques questions en suspens.

Une tentative d’acheter O2 de la part de Hutchinson Three, évoquée actuellement par la rumeur, causerait plus de problèmes du point de vue de la régulation, puisque le nombre d’opérateurs tomberait de quatre à trois.

De fait, « O2 sera probablement le grand perdant si l’affaire est conclue (entre EE et BT NDLR). Telefonica a clairement indiqué vouloir sortir du Royaume-Uni et pourrait se trouver en difficulté commerciale face au rivaux engagés dans la convergence que sont BT, Virgin et Vodafone », explique-t-on chez Ovum.