« L’Autorité de la concurrence autorise, sous réserve de plusieurs engagements, la prise de contrôle exclusif de SFR (qui appartenait à Vivendi) par le groupe Altice et sa filiale Numericable Group », annonce un communiqué publié le 27 octobre par l’organisme français. Cette acquisition très attendue fait de Numericable, n°1 de l’accès internet câblé le n°2 du secteur de la téléphonie mobile et fixe.

Tout cela n’est pas rien et explique les « réserves » émises par l’Autorité qui énumère trois risques pour la concurrence. D’abord, une position largement dominante du nouveau couple sur l’internet fixe haut débit. Ensuite, l’Autorité regrette la réduction de l’offre télécom pour le marché pro : Completel (la filiale entreprise de Numericable) une fois mariée à SFR, l’offre va se réduire dans certaines régions à un duopole avec Orange.

Enfin l’Autorité s’inquiète des retombées dans l’Océan Indien, où les noces aboutissent à un contrôle de 66 % et 90 % respectivement à la Réunion et à Mayotte. L’Autorité recommande donc quatre mesures de compensation destinées à un rééquilibrage.

La première et la plus importante va obliger Numericable à partager son réseau câble très haut débit avec les concurrents. « Une première offre sous marque blanche permettra aux MVNO qui ne disposent pas de leur propre box d’accéder au câble. Une deuxième offre, dite « bitstream », permettra aux FAI (Orange, Free, Bouygues) d’utiliser l’accès au câble pour proposer des offres très haut débit en utilisant leurs propres box et leurs propres interfaces clients », explique le communiqué. Le tout sera proposé à un tarif « contrôlé » par l’Autorité de la concurrence « excluant tout effet de ciseau tarifaire. » Ces mesures n’ont pas vocation à devenir définitives : la nouvelle entité ne s’engage que pour cinq ans (renouvelables une fois), un temps suffisant pour que la concurrence déploie, si elle le juge nécessaire, ses propres réseaux de fibre.

Deuxième réserve : afin de préserve une offre diversifiée sur le marché pro, Numericable va devoir revendre le réseau cuivre de Completel à un opérateur tiers. Numericable devra en outre offrir aux opérateurs du même secteur l’accès aux boucles locales de fibre.

Troisième mesure réclamée : afin de rétablir la concurrence à la Réunion et à Mayotte, Numéricable devra céder à un tiers sa filiale locale Outremer Télécom. La dernière mesure est de principe : Numericable s’engage à ne pas donner à Vivendi, ex-propriétaire de SFR, d’informations commerciales sur les marchés où les deux se retrouvent en concurrence, notamment dans le domaine de la télévision payante. Le respect de toutes ces mesures sera soumis au contrôle d’un « mandataire indépendant ».

Pour l’heure, l’annonce semble satisfaire toutes les parties. « L’Autorité de la concurrence a fourni un travail remarquable, avec une bonne maîtrise des enjeux du secteur, sur un dossier très technique et plus complexe qu’il ne pouvait y paraître », a ainsi indiqué Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom, au quotidien Les Echos.