Nommé tout fraîchement directeur de l’exploitation du groupe câblo-mobile Altice et Président du conseil d’administration de sa filiale mobile Numericable SFR, Michel Combes se retrouve dans le collimateur de l’Autorité des Marchés financiers (AMF). L’organisme français chargé de réguler la vie des entreprises s’interroge sur la prime de départ de 13,7 millions d’euros en actions que doit percevoir M.Combes en 2018, suite à son départ d’Alcatel-Lucent.
Michel Combes a fait parler de lui en rétablissant la situation de l’équipementier franco-américain après en avoir pris les rênes en 2013, puis en menant à bien la vente du groupe à Nokia pour 15,6 milliards d’euros, ce qui a mené à son départ.
Des questions sont cependant soulevées par l’ampleur de la prime de départ, étant donné que son bénéficiaire n’est resté à son poste que pendant deux ans.
Les primes de départ et les parachutes dorés sont un sujet controversé en France, notamment depuis l’élection de François Hollande, qui avait fait de la chasse aux grosses indemnités un des thèmes de sa campagne présidentielle en 2012.
Selon Reuters, AMF aurait commencé à se préoccuper de la prime de Michel Combes fin août, Alcatel se défendant plus tôt cette semaine en expliquant avoir agi de façon transparente et en accord avec les pratiques habituelles.
Gérard Rameix, directeur de l’AMF, a répondu à son tour dans la foulée, expliquant que la réponse d’Alcatel « ne semblait pas convaincante en termes de bonne gouvernance , voire en termes légaux. »
Des membres de l’AMF auraient reçu pour instruction de vérifier si les codes de gouvernance standards de l’industrie ont été respectés (ce qui comprend l’obligation de satisfaire au droit de regard des investisseurs sur les montants versé, selon les règles amendées en 2013).
Le ministre français de l’économie Emmanuel Macron a indiqué hier qu’il attendait de l’AMF et d’un comité sur la gouvernance des entreprise un verdict avant la fin de la semaine sur les circonstances du départ de Michel Combes. M.Macron a expliqué à la presse que le départ de l’ex-P-dg d’Alcatel avant la finalisation du marché avec Nokia était « un cas choquant, un cas de mauvais comportement d’entreprise ».
« Il n’est pas normal que le dirigeant d’une grande entreprise quitte le navire le premier, a ajouté M.Macron. Michel Combes a mené une fusion entre Alcatel-Lucent et Nokia que nous avons soutenu. Il n’est donc ni compréhensible ni acceptable que M.Combes décide aujourd’hui de quitter la société, alors que la transaction n’a même pas été menée à terme, tant moralement qu’en ce qui concerne le fonctionnement normal de l’entreprise. »
Michel Combes a défendu son indemnité dans le quotidien les Echos plus tôt cette semaine, expliquant que les sommes à percevoir équivalaient à réduire la part fixe de son propre salaire à 1,2 millions d’euros, tout en maximisant la « portion variable », dépendante des performances du groupe à long terme.
En dépit de l’émoi provoqué par l’indemnité, il convient de noter qu’elle est plutôt inférieure à celle perçue par certains grands dirigeants impliqués dans des fusions similaires.
L’ex-P-dg de Nokia Stephen Elop aurait ainsi perçu 25 millions de dollars après la vente à Microsoft de l’activité de fabrication de téléphones mobiles, quand le P-dg de Virgin Media Neil Berkett a encaissé 86,8 millions de dollars après avoir orchestré le marché passé avec Liberty Global.