Guenther Oettinger, le nouveau commissaire européen pour l’économie numérique, vient de le confier dans son blog : il n’est pas hostile à un monopole sur les services large bande dans les zones rurales, au moins si la CE veut réaliser son objectif d’offrir à chaque citoyen un débit supérieur à 30 mégabits par seconde en 2020.

« Mon idée est de rendre l’investissement dans les zones rurales plus attractif en autorisant les compagnies de télécoms à en récolter les bénéfices, écrit le Commissaire. Cela ressemble à ce que nous faisons déjà dans le secteur de l’énergie : dans certains cas précis, pour la construction de nouveaux pipelines, certaines sociétés peuvent être dispensées de fournir obligatoirement un branchement à leurs concurrents. A condition évidemment de convaincre la Commission que, sans cette concession, l’investissement ne serait pas réalisé. »

A l’heure actuelle, un seul habitant en zone rurale sur cinq dispose d’une connexion internet rapide, selon Guenther Oettinger. Or, explique-t-il, le problème est que la construction de réseau dans les campagnes va coûter cher – potentiellement des dizaines de milliards d’euros – avec des garanties limitées d’y gagner de nouveaux clients. En effet, ce n’est pas parce que les clients se voient proposer un accès rapide qu’ils y souscrivent forcément. L’adoption de la large bande haute performance (New Generation Access, ou NGA, au moins 30 Mb/s) est loin de correspondre au niveau de couverture : ce type de connexion est disponible pour 62% des foyers européens, mais seulement 15 % s’y abonnent apparemment, si l’on en croit les chiffres de la CE.

Il reste par ailleurs de gros écarts selon les pays : en décembre 2013, la proportion d’abonnés au haut débit (supérieur à 10 Mb/s) dans les pays de l’OCDE allait de plus de 70 % à moins de 2 %, selon un communiqué publié aujourd’hui par l’organisation. Ce que confirment les données européennes : si les deux tiers des abonnés belges et roumains s’abonnent en NGA, moins de 5 % des Croates, des Chypriotes, des Grecs et des Italiens en profitent.

Il faut noter enfin que si le mobile ne promet pas un accès de 30 Mb/s, il joue un rôle croissant dans la propagation de l’accès à l’Internet et concurrence de ce fait les réseaux fixes. Ainsi, le nombre d’abonnés au haut débit hertzien a plus que doublé dans la zone de l’OCDE en quatre ans : en décembre 2013, près de trois personnes sur quatre disposaient d’un accès internet à haut débit via leur abonnement de téléphonie mobile, selon l’OCDE.