L’arrivée de Free en 2012 a eu un impact considérable sur les prix à la consommation et laisse envisager la possibilité d’une prochaine consolidation du marché mobile français. Selon l’Arcep, les opérateurs qui se partagent l’Hexagone ont subi depuis début 2013 une chute de prix de leurs services de 27,2 % en moyenne annuelle, après un recul de 11,4 % en 2012. «Cette baisse très significative des prix en France les place parmi les plus bas en Europe. Il y a quelques années ce n’était pas le cas », commente Stéphane Piot, Directeur Analysys-Mason, France. Le résultat est «une pression très importante sur les marges EBITDA », continue Stéphane Piot.

La plus grande baisse de prix a eu lieu entre la mi-2012 et le printemps de 2013, et elle a significativement ralenti depuis lors, selon l’Arcep. Mais pendant ce temps le trafic a continué à augmenter sur les réseaux mobiles, à hauteur de 18 milliards de minutes de trafic vocal supplémentaires en 2013, sans compter 10 milliards du SMS de plus envoyés en 2013 par rapport à 2012 et une progression de 63 % du volume de données consommées au départ des réseaux mobiles par rapport à 2012. Les opérateurs « doivent maintenant trouver des rélais de croissance et réduire leurs coûts, » explique Stéphane Piot.

Dans ce climat, il n’est pas surprenant que les opérateurs appellent à nouveau à une consolidation du marché. Ce qui change, cette fois, c’est qu’elle devient envisageable politiquement. Mi-mai, le ministre de l’economie Arnaud Montebourg a en effet signalé son soutien à un réalignement du marché autour de trois opérateurs mobiles. Stéphane Richard, PDG d’Orange, dont l’Etat est actionnaire à 26,94%, a affirmé dans une interview donnée au quotidien LesÉchos, qu’il n’y a pas de place pour quatre opérateurs avec quatre réseaux indépendants, et « donc il y aura une recomposition ».

Dans un entretien avec la chaîne de télévision BFM Business, Stéphane Richard a parlé d’ urgence : « c’est dans les prochaines semaines que les choses doivent se décanter », a-t-il souligné. Le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, a quant à lui déclaré que les discussions étaient « multiples ». Le marché attend le rachat de Bouygues par Iliad, le propriétaire de Free, ou par Orange… Mais en cas de rapprochement entre deux opérateurs, le repreneur devra s’attendre à voir intervenir la commission européenne et devoir donner « de fortes garanties pour maintenir le niveau concurrentiel et probablement des obligations envers les MVNOs»,selon Stéphane Piot.