Xavier Niel, le P-dg d’Iliad l’a annoncé sur la chaîne de télévision BMFTV : il ne cherchera pas (ou plus) à racheter Bouygues. C’est probablement une mauvaise nouvelle pour les opérateurs qui voudraient pacifier la foire d’empoigne qu’est devenu le marché français, mais c’est aussi une bonne nouvelle pour les consommateurs. C’est au moins ce que suggère un rapport récent de l’OCDE, qui examine comment le nombre des opérateurs mobiles affecte le niveau de tarification des services et l’innovation.

Ce n’est pas tout à fait une surprise : c’est dans les pays de l’OCDE où l’on trouve le plus de MNO « que la probabilité d’introduire et de maintenir des services compétitifs et innovants est la plus élevée », note le rapport. La France, en particulier, est présentée aux côtés d’Israël comme l’un des marchés mobiles les plus dynamiques de l’OCDE et un relatif paradis pour les consommateurs. Dans les deux cas, de nouveaux entrants sur les réseaux ont introduit des réductions de prix et des plans tarifaires simplifiés, qui facilitent la comparaison et la compréhension des services payés par les usagers. L’OCDE remarque également que l’arrivée en 2014 d’un nouvel opérateur 4G aux Pays-Bas induit déjà une offre plus compétitive de la part des MVNO.

Au contraire, les Autrichiens doivent faire face à des tarifs plus opaques et plus élevés dans la foulée de la consolidation locale de quatre à trois concurrents. En Autriche, « tous les opérateurs ont procédé à une hausse de tarifs sur leurs offres les plus populaires et Hutchison a augmenté ses prix sur son offre la moins coûteuse », note le rapport.

L’OCDE estime par ailleurs qu’introduire un nouvel opérateur, ou en maintenir quatre grands, augmente l’investissement dans les nouvelles infrastructures de réseaux, la concurrence s’accentuant dans le domaine des technologies et des services. Là encore, la France est citée en exemple : le rapport de l’OCDE soutient que l’arrivée d’un quatrième MNO a accéléré les investissements sur la 4G.

Les opérateurs peuvent arguer que la compétition plus acharnée réduit leur profitabilité à un niveau dangereux. Un argument qui ne convainc pas L’OCDE : « Du point de vue des régulateurs, il est important de stimuler la compétition », explique Rudolf van der Berg, un des auteurs du rapport. Le document estime qu’en outre des revenus inférieurs par utilisateurs n’impactent pas forcément les rentrées globales des opérateurs.

Les expériences dans des pays comme l’Autriche, la France et le Royaume-Uni indiquent que les opérateurs ont besoin d’un certain niveau de CA pour rester opérationnels, mais qu’ajouter une unité ou un client de plus n’a qu’un impact marginal sur les coûts, selon le rapport. « L’ARPU n’est pas forcément une bonne mesure de profitabilité. Si le nombre de cartes SIM augmente, vous pouvez obtenir un accroissement du CA dans nécessairement avoir un accroissement du revenu sans nécessairement avoir un accroissement des coûts », commente Rudolf van der Berg.

Fin 2014, 17 pays de l’OCDE compteront 3 opérateurs nationaux. 14 autres pays compteront 4 opérateurs, et 3 pays 5 ou plus. L’Irlande (ou Hutchison 3G et Telefonica fusionnent) et l’Allemagne, où Telefonica achète e-Plus (KPN) vont voir le nombre de leurs opérateurs passer de 4 à 3.