La Banque Mondiale va investir 200 millions de dollars pour appuyer l’ouverture du marché éthiopien des télécoms et développer le numérique. Mais elle redoute que la politique d’Addis-Abeba, qui encourage les nouveaux intervenants à louer des infrastructures auprès d‘Ethio Telecom, ne retarde les efforts de déploiement.

Dans un post de blog, Ousmane Dione, directeur de la Banque Mondiale pour l’Érythrée, l’Éthiopie, le Soudan du Sud et le Soudan, explique que la réglementation adopté localement et qui restreint le rôle des loueurs de tours indépendants risque de ralentir la construction des réseaux par les opérateurs nouveaux venus, spécialement dans les zones rurales.

Pour Ousmane Dione, il serait préférable que les opérateurs mobiles qui sont en passe d’enchérir pour des licences et se préparent à concurrencer l’opérateur nationalisé Ethio Telecom, jusqu’à présent en situation de monopole, soient capables de « prendre des décisions rationnelles quant à la construction de leur propre infrastructure ».

« A terme, une politique qui cherche à protéger l’infrastructure d’Ethio Telecom en l’autorisant à faire payer un tarif élevé pour l’interconnexion finira par être dommageable à la société », ajoute M.Dione.

En plus des soucis liés à la réglementation sur la construction d’infrastructures privées, Ousmane Dione met en exergue les problèmes de concurrence posés par des restrictions portant sur l’origine étrangère des capitaux, qui empêchent les nouveaux arrivants de proposer des services financiers sur mobile.

« Tirer pleinement les bénéfices de la concurrence ne signifie pas offrir un traitement préférentiel à Ethio Telecom mais plutôt créer des règles du jeu équilibrées qui permettront à la société nationalisée d’affronter équitablement ses nouvelles rivales », ajoute M.Dione.

Parmi les grands opérateurs en lice pour l’achat d’une ou deux licences dans le pays figurent Orange, Etisalat, Saudi Telecom Company, MTN Group et Global Partnership for Ethiopia, un consortium réunissant Vodafone Group et ses filiales Safaricom et Vodacom.

Investissement
En dépit des réserves pointées plus haut, la Banque Mondiale soutient les efforts d’ouverture du marché des télécoms éthiopien en investissant 200 millions de dollars, via un nouveau véhicule, la Digital Ethiopia Foundations.

L’idée est d’aider à « préparer les briques légales et régulatrices de l’écosystème numérique dans des secteurs comme l’e-commerce et l’identité numérique », explique M.Dione.

En plus du financement de projets précis, le plan prévoit par ailleurs l’achat de bande passante aux opérateurs pour soutenir le développement de services numériques par le gouvernement et le système éducatif.