Les nuages s’accumulent dans le ciel des télécoms : un rapport signé Juniper Research estime que les opérateurs européens, notamment au Royaume-Uni, Italie et Espagne, ont vu décliner de 60 % les revenus tirés de la voix sur mobiles ces 5 dernières années. L’analyste estime par ailleurs qu’en 2014 les opérateurs perdront encore 14 milliards de dollars sur le secteur des conversations vocales et du trafic de messagerie face aux alternatives internet que sont WhatsApp, Facebook et Skype.

La question de savoir combien les opérateurs tireront de l’Internet des Objets est encore discutée. Mais le M2M (Machine to Machine) et la monétique mobile figurent parmi des sources de revenus potentiels propres à redresser la balance, estime Juniper : « Dans ces secteurs, les opérateurs peuvent réaliser des profits substantiels en se concentrant sur la fourniture de services complets plutôt que sur la simple connectivité ». Juniper estime à plus de 66 milliards de dollars le CA potentiel à réaliser grâce à des moyens nouveaux sur les 5 prochaines années.

Ces prévisions expliqueraient en tous cas pourquoi Telefonica a parié sur l’Internet des Objets avec le lancement de Thinking Things (« Choses qui pensent »), un produit grâce auquel, selon l’opérateur, un utilisateur pourra piloter son domicile ou son bureau, connectant n’importe quel appareil à l’Internet sans connaissances en programmation ou installation d’infrastructures supplémentaires.

Thinking Things est en ensemble d’appareils modulaires à bas coût équipés de différents capteurs qui se connectent au cloud. Le premier kit, à un prix de départ de 90€, permet à l’utilisateur de contrôler et régler à distance la température, l’éclairage et le degré d’humidité de la maison ou du bureau. Telefonica explique que des modules additionnels – capteurs de présence, de pression, d’humidité ou de température – de même que des modules audio, LED ou de programmation temporelle peuvent être ajoutés. Les modules, selon Telefonica, sont raccordés ensemble en les attachant les uns sur les autres comme des pièces de Lego. L’appareil se connecte ensuite automatiquement avec la plateforme logicielle Thinking Things dans le cloud, commence à surveiller tous les paramètres définis et exécute des commandes préprogrammées.

Thinking Things utilise une base matérielle ouverte développée en collaboration avec Arduino (plate-forme électronique open-source basée sur du matériel et du logiciel d’utilisation facile), compatible avec la connectivité 2G disponible en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique Latine. Cette particularité, insiste le géant espagnol, permettra aux éléments du système de fonctionner dans n’importe quel pays disposant d’un réseau GSM puisqu’ils embarquent une carte SIM Telefonica (qui fonctionne partout à travers des accords de roaming). Les capteurs peuvent être achetés en ligne.

Les produits Internet des Objets offrent également une API qui permet aux développeurs de créer leurs propres solutions (par applications téléchargées ou en ligne) et améliorer ainsi les possibilités offertes par les modules.