Le Commission européenne (CE) a autorisé hier deux acquisitions dans le secteur de télécommunications: celle de E-Plus par Telefonica/O2 en Allemagne et celle de Ono par Vodafone en Espagne. Mais malgré cette ouverture vers la consolidation au niveau européen, la voie à une réduction du nombre des opérateurs mobiles en France semble bloquée suite à l’annonce par Orange dans la même journée de l’abandon du plan de rachat de Bouygues.

Pour Vodafone, l’affaire était relativement simple : Ono est un opérateur fixe, ce qui a laissé la Commission conclure au bout de quelques semaines que « l’opération ne poserait pas de problème de concurrence » – surtout dans un marché espagnol où Jazztel, Telefonica et Orange se livrent à une lutte acharnée.

Pour Telefonica, la situation était plus délicate. Le nombre d’opérateurs mobile en Allemagne descend de quatre à trois suite à l’acquisition d’ E-Plus. Pour cette raison, la commission s’est donné une longue période de réflexion – du 23 octobre 2013 jusqu’au 2 juillet 2014.

La décision donne maintenant de l’espoir aux opérateurs mobiles qui préfèrent se partager un marché à trois au lieu de quatre pour réduire leurs coûts d’opérations et augmenter leurs chiffres d’affaires. Espoir d’autant plus vivace que le rachat d’E-Plus suit l’autorisation le 28 mai par la CE de l’acquisition de Telefónica Ireland (O2 Ireland) par Hutchinson 3G (H3G). En Italie, par exemple, on parle d’une fusion entre Wind, qui appartient à Vimpelcom, et 3 Italia, dont la maison mère est Hutchinson. Le 31 Mars 2014, 3 Italia disposait de 10,8 % de part du marché sans fil, contre 24,3% à WInd, derrière TIM (34,2%) et Vodafone Italie (30,7%), selon la GlobalComms Database de TeleGeography.

En Espagne, Yoigo, qui appartient à TeliaSonera, est vue également comme cible… Peut-être par Orange qui hier, donc, a renoncé à l’achat de Bouygues, déclarant avoir “exploré les possibilités de participer à une opération de consolidation du marché français des télécoms » mais jugeant “que les conditions que le groupe avait fixées ne sont pas réunies aujourd’hui pour y donner suite ».

En attendant, les nouveaux acquéreurs européens n’ont pas tout à fait les coudées franches : la Commission impose en effet des règles de jeu de consolidation assez similaires en Irlande et en Allemagne. Ainsi, en Allemagne, Telefonica s’est engagée à céder jusqu’à 30 % de la capacité du réseau de l’entreprise issue de la concentration à un ou plusieurs MVNOs contre des paiements fixes. De plus, Telefonica cédera des fréquences radioélectriques et certains actifs à un nouvel opérateur mobile ou à un MVNO. « Ces actifs, en conjonction avec la mise aux enchères de fréquences qu’organisera le régulateur allemand des télécommunications, pourraient faciliter l’entrée ou permettre le développement d’un nouvel (opérateur de réseaux mobiles) sur le marché allemand à l’avenir », explique la commission dans un communiqué. Telefónica sera obligée d’étendre ses accords de vente en gros existants et à proposer à l’avenir des services 4G à tous les acteurs intéressés, selon la CE.

En Irlande, H3G doit également mettre en place des mesures destinées à ouvrir le champ à deux opérateurs de réseau mobile virtuel (MVNO), « dont l’un aurait la possibilité de devenir un opérateur de réseau mobile à part entière, par l’acquisition de fréquences à un stade ultérieur, » selon la CE. H3G a du en outre s’engager à vendre à deux MVNOs irlandais jusqu’à 30 % de la capacité de réseau de l’entreprise issue de l’acquisition, contre des paiements fixes.