Juste avant sa nomination, le nouveau commissaire européen chargé du dossier numérique, Günther Oettinger, a du faire face à trois heures de questions posées par les membres du parlement réunis le 30 septembre à Bruxelles.

Oettinger s’est contenté de souligner qu’ « on ne peut déroger aux règles de neutralité du net que lorsque l’intérêt public est en jeu », ce qui laisse des questions clés…

Début Avril, le parlement européen a approuvé en première lecture une série de mesures sur la « neutralité du net » qui, si elles sont appliquées, interdiront aux fournisseurs d’accès à internet (FAI) de bloquer ou discriminer du contenu.

Les nouvelles règles restreignent également le type de « services spécialisés » que les FAI peuvent offrir aux professionnels désireux de proposer au consommateur des technologies exigeantes comme la télévision en diret, la télémédecine ou la téléconférence, et exigent que ces technologies soient indépendantes du net au niveau technique.

Mais, comme les consultants d’Analysys Mason le soulignent, la signification pratique de tout cet arsenal n’est pas claire pour tout le monde, et les réponses apportées aux interrogations peuvent impacter le business model des FAI.

Quoi qu’il en soit, les réponses évasives du commissaire Oettinger lui ont valu une volée de bois vert de la part de la Quadrature du Net, une association de lobbying en faveur de la neutralité du net : « La position de M. Oettinger sur la neutralité du net montre non seulement qu’il ignore tout des enjeux cruciaux qu’elle recouvre, mais aussi qu’il est tout-à-fait disposé à se plier au lobbying des opérateurs télécoms », a ainsi  critiqué Félix Tréguer, membre fondateur de La Quadrature du Net dans un communiqué.

Parallèlement, Neelie Kroes, vice-president en exercice de la Commission Européenne responsable du dossier numérique, a mis en garde le secteur des télécoms de devenir « son propre pire ennemi », et lui a conseillé de changer pour avancer, lors d’une conférence organisée le  1er octobre par l’association européenne des opérateurs de réseaux de télécommunications (ETNO). Neelie Kroes a affirmé avoir bien reçu le message des opérateurs  réclamant des changements dans la politique de régulation, mais en insistant sur le fait qu’ils doivent aussi jouer leur rôle.

A propos des relations du secteur des télécoms avec le futur numérique de la région, Neelie Kroes a noté que les opérateurs devront faire preuve de diversification et de dynamisme tout en étant capables d’explorer « de nouveaux services et de nouveaux business models ». Le secteur des télécoms devrait offrir selon elle un cocktail de « facilité d’emploi, concurrence et choix », de façon à offrir aux consommateurs et aux entreprises les « produits sur-mesure qu’ils sont prêts à payer. »